Call for Papers: VISIBLE. Dossier “Images de sainteté”, sous la direction de Jenny Ponzo et Paolo Bertetti.
La sémiotique a étudié la représentation iconographique des saints à plusieurs occasions, mais elle a rarement abordé spécifiquement la relation entre la sainteté et l’image dans son déroulement entre manifestation textuelle et circulation au sein de la culture.
Dans la culture catholique, les saints constituent la représentation figurative de systèmes de valeurs morales et religieuses, des modèles narratifs de perfection spirituelle que l’Église propose comme exemple à imiter. Leur identité et leur mémoire sont construites et diffusées à travers un réseau polyphonique et multimodal de textes qui les proposent non seulement comme objets de culte, mais aussi comme des « formes » sur la base desquelles le fidèle peut renouveler sa vision du monde et son propre comportement. En cela, les images jouent un rôle central : expression et soutien du culte des saints, elles sont à la fois un témoignage historique (comme les portraits et photographies de saints), mais aussi une représentation visuelle avec une forte prise esthétique ; elles servent à renouveler la mémoire du Saint – et parfois à la construire – mais aussi à renforcer la vénération, et surtout à promouvoir des comportements édifiants, dans une interaction communicative qui est narrative et émotionnelle avant même qu’intellectuelle.
De plus, les images exercent également une activité de traduction fondamentale : à travers elles, le message peut être réactualisé et réadapté à différentes cultures et sensibilités. Dans la foi populaire, les images peuvent elles-mêmes devenir des objets de vénération, participant comme par magie au caractère sacré du saint et à ses prérogatives. Ou bien, inversement, et peut-être précisément pour cette raison, elles font l’objet d’iconoclasme et de profanation, de la destruction médiévale aux pratiques artistiques contemporaines. Au contraire, les figurations des saints peuvent devenir un modèle plastique, figuratif et narratif que l’on peut trouver dans les représentations profanes et sécularisées qui se les approprient et les retravaillent – dans une mesure plus ou moins consciente – dans les domaines les plus divers, de l’art à la mode, de la bande dessinée au cinéma et à la télévision. Parallèlement, dans une plus large tendance de l’Église à interagir avec les nouveaux moyens et formes de communication, la représentation des saints devient l’un des domaines où l’imaginaire religieux est le plus reproposé, de la photographie aux médias audiovisuels, des comics aux médias numériques.
Les participants sont donc invités à aborder le thème de l’imaginaire lié aux saints à travers l’analyse de textes sur la base d’une méthodologie sémiotique (ouverte bien-sûr au dialogue interdisciplinaire). Sans prétendre à l’exhaustivité, certaines directions de recherche pourraient concerner :
– La représentation figurative de la sainteté ;
– Les attributs des saints et leurs représentations picturales dans l’histoire de l’art ;
– La sérialisation télévisée de la vie des saints, dans le rapport entre le format narratif de genre, la représentation historique et l’hagiographie ;
– Modèles iconographiques et formes de représentation de la sainteté dans le domaine non- Catholique ;
– L’importance du code vestimentaire dans la construction de l’imaginaire hagiographique, des représentations traditionnelles aux nouveaux modèles de sainteté contemporains ;
– L’influence de l’imaginaire hagiographique sur la mode ;
– Le thème de la sainteté et l’imaginaire iconographique dans le cadre de la pop culture ;
– Relecture et réappropriation de l’iconographie de la sainteté dans l’art contemporain ;
– Représentations photographiques des saints ;
– Médiatisation de la sainteté : formes de transtextualité entre cinéma, télévision, bande dessinée.
– Diffusion de l’esthétique et de l’iconographie des saints en ligne et sur les réseaux sociaux ;
– Iconoclasme et profanation dans l’art et l’imaginaire médiatique contemporain ;
L’élément central est l’idée de la sainteté comme modèle, à la fois représentation figurative d’une axiologie, articulation thématique-narrative et exemple à imiter, “forme” (de vie) comme idéal de comportement sur lequel baser tous les aspects de la vie, mais aussi seulement – séculairement – comme suggestion esthétique et culturelle.
Ce dossier se propose donc d’adopter une perspective principalement sémiotique mais ouverte à l’interdisciplinarité ; pour explorer les représentations visuelles de la sainteté dans une pluralité de domaines et de media, il faut en effet que l’approche sémiotique prend en considération des méthodologies et des compétences qui s’inspirent de nombreuses disciplines différentes : l’histoire de l’art, l’histoire des religions, les études médiatiques, les études visuelles, la sociologie de la religion, l’anthropologie visuelle et ainsi de suite.
Calendrier de travail
30 novembre 2024 : date limite pour l’envoi des propositions d’articles (entre 300 et 500 mots et une bibliographie succincte)
20 décembre 2024 : réponse d’acceptation ou de refus des propositions
1 avril 2025 : date limite pour l’envoi des articles
30 mai 2025 : date limite pour les réviseurs
10 septembre 2025 : date limite pour l’envoi des versions révisées des contributions
Décembre 2025 : publication du dossier
L’article final doit comporter au maximum 40 000 signes (espaces, notes, figures, résumés, textes compris), en anglais ou français, et inclure : titre de l’article en français et en anglais, un résumé en français et en anglais de 500 mots max et 5 mots-clés en français et en anglais. Les articles doivent respecter les consignes aux auteurs de la revue (https://www.unilim.fr/visible/531).
Les propositions d’article doivent être envoyées aux responsables du dossier aux adresses suivantes:
paolo.bertetti@unito.it
jenny.ponzo@unito.it